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LA SITUATION EN REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE


Allocution sur la situation en RCA de l’Ambassadeur


Matias Bertino Matondo


Représentant Spécial du Président de la Commission de l’Union Africaine


devant le


Conseil de Sécurité des Nations Unies


22 février 2022



- M. le Président,

- Distingués membres du Conseil,

- Mesdames et Messieurs


J’ai l’honneur d'exprimer ma profonde gratitude pour l’opportunité de pouvoir prendre la parole dans cette importante réunion du Conseil de sécurité dont la convocation témoigne, une fois de plus, l’intérêt constant du Conseil sur l’évolution de la situation en RCA où la paix et la sécurité continuent de s’imposer comme un préalable qui mérite toute notre attention.


- Distingués membres du Conseil,



L’appréciation de l’Union africaine sur la situation qui prévaut en République Centrafricaine, se fait sous le prisme des principaux développements survenus, relatifs notamment au (i) plan politique, (ii) les préparatifs du Dialogue républicain, (iii) la situation sécuritaire et (iv) les efforts incessants déployés dans la recherche de la paix et de la stabilité en RCA, dont on ne saurait faire l’économie, tant leur place au cœur des priorités restent considérables.


Les problèmes sont multiples, liés à la tension politique entourant les préparatifs du DIALOGUE REPUBLICAIN, qui ont mis en exergue la nécessité pour les parties prenantes d’avoir un réel esprit de coopération, afin de parvenir à un compromis largement accepté, et mettre un terme définitif à la crise. Il est important de souligner que malgré les efforts déployés par les acteurs politiques et sociaux de la RCA et la politique de main tendue du gouvernement, la crispation entre les principaux acteurs politiques et sociaux persiste.


Dans le contexte actuel où la RCA attend avec impatience la tenue du Dialogue Républicain, c’est le lieu de saluer la dynamique de consensus qui a prévalu lors des consultations entre les autorités centrafricaines et les partis politiques de l’opposition dont ceux regroupés au sein de la principale plateforme d’opposition politique: la COD2020.


Aujourd’hui, ces compromis semblent réciproques pour maintenir les chances d’un dialogue viable autour d’issues salutaires, pour un destin commun, paisible et harmonieux lors de ces assises prévues en mars 2022 qui, nous l’espéronsapporteront des solutions concrètes et susciteront des conditions d’espérance pour tous les Centrafricains.


L’Union africaine a pris très bonne note du retour des représentants de l’opposition démocratique et la reprise des travaux du Comité d’organisation du Dialogue républicain (DR) le 09 février de 2022 après plus de 3 mois de blocage. L’UA accompagne la poursuite des travaux du CODR et souhaite très vivement que ce dialogue se tienne durant la période proposée du 14 au 21 mars 2022.


Permettez-moi Monsieur le président et distingués membres du Conseil, de saluer les efforts des leaders de la plateforme religieuse, des organisations de la société civile, des femmes et des jeunes qui ne ménagent aucun effort et continuent à s’investir dans la sensibilisation de la population pour leur participation active dans ce Dialogue et pour la paix et la réconciliation en RCA.


Entre temps, le financement du DR demeure un défi à relever. Bien qu’une bonne partie du budget soit assurée par le gouvernement centrafricain, les contributions des partenaires sont vivement attendues. En attendant l’approbation de la date du DR, beaucoup reste à faire en ce qui concerne certains points importants dont les thématiques, le présidium et la liste des participants.


Nous lançons un appel à tous les partenaires de la RCA de continuer à apporter leur soutien matériel et technique pour la tenue de ce dialogue à bonne date et sa réussite.

Dans le même ordre d’idées, les attentes restent tout aussi grandes pour la RCA qui poursuit la phase de démocratisation du pays, après des élections Présidentielle et législatives de 2020/2021, et sa lancée vers la tenue d’élections régionales et municipales prévues en septembre de cette année de 2022.


Sur le plan du PROCESSUS DE PAIX, trois (3) années ont passé depuis la signature de l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation (APPR-RCA) signé, le 06 février 2019 à Bangui, entre le Gouvernement et quatorze (14) groupes armés.


Nous avons continué à porter un regard critique et objectif sur l’état de la mise en œuvre de l’APPR-RCA. Lors de la 12eme session ordinaire du Comité Exécutif de Suivi (CES), tenue le 14 février 2022, le Gouvernement, les groupes armés, les représentants de la société civile ainsi que les garants et les facilitateurs de l’accord de paix ont fait le point sur les progrès et les défis relatifs à sa mise en œuvre.


Le constant est bien positif dans l’ensemble par rapport au respect des engagements du gouvernement et des Groupes armés contenus dans les articles 4 et 5 de l’APPR-RCA respectivement. Mais ce qui reste à faire dans le cadre de la mise en œuvre de l’APPR-RCA demeure très important et ne doit pas être négligé.


C’est ici le lieu de saluer l’initiative de la Conférence internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL), et les efforts déployés dans le cadre de la Feuille de Route conjointe pour mobiliser au sens le plus large, la sous-région dans la promotion du dialogue en RCA, plus concrètement en ce qui concerne les contacts avec les dirigeants de la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC), le regroupement de leurs combattants et leur Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (DDR) suivant le cadre plus élargi du Programme National de DDRR du gouvernement centrafricain.


Pour l’Union Africaine, la Feuille de Route conjointe joue le rôle crucial d’accélérateur de l’APPR-RCA particulièrement quant à la conduite à tenir par rapport à la CPC et ses dirigeants.


La déclaration du Président de la République centrafricaine, le 15 octobre 2021, pour proclamer un cessez-le-feu appelant à la fin des opérations militaires et de toute action armée sur l’ensemble du territoire a constitué un effort positif pour renforcer la stabilité et la sécurité en RCA. Cette mesure de cessez-le-feu aura été de courte durée, bien qu’ayant favorisé un phénomène de démobilisation spontanée qui peut servir de tremplin aux priorités relatives au DDR. Il est clair qu’aussi longtemps qu'il n'y aura pas un cessez-le-feu et l'arrêt des hostilités, le processus de DDR ne sera pas effectif.


Dans le même sens, la réunion de suivi du processus de Luanda, tenue à Bangui le 14 janvier 2022, a permis de faire un état de lieu sur les objectifs fixés par cette feuille de route conjointe et les actions concrètes y afférentes. Il est important, à ce titre, que la coordination entre les mécanismes de mise en œuvre et de suivi de l’APPR-RCA et la Feuille de route conjointe soient davantage renforcés compte tenu du rôle de l’Union africaine (UA), de la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (CEEAC) et les pays de la région, en tant que Garants et Facilitateurs de l’APPR-RCA.


- Distingués membres du Conseil,

- Mesdames et Messieurs


Il est judicieux de souligner que, malgré cette lueur d’espoir par rapport à la mise en œuvre de l’APPR-RCA et la perspective de la tenue du DR très prochainement, L'évolution de la SITUATION SECURITAIRE reste caractérisée par des défis permanents pour réduire la capacité des groupes armés qui continuent de poser des menaces à la RCA et à la région, comme en témoignent les tensions persistantes, la présence continue de groupes armés surtout dans les régions Nord-ouest, Nord et Centre de la RCA. A cela s’ajoutent plusieurs activités transfrontalières illégales.


Sur le plan militaire, l’offensive des Forces Armées Centrafricaines (FACA) appuyées par les forces bilatérales se poursuit et vise à réduire la capacité de nuisance des groupes armés.

L’Union africaine demeure néanmoins convaincue, comme souligné à maintes reprises par son Conseil de Paix et Sécurité, que la solution militaire à l’actuelle crise politico-militaire en RCA, telle que prônée par certains acteurs, contient le risque de devenir un mirage s’il n'est pas accompagnée d’un compromis ou d’un consensus sur le plan politique.


Les conséquences de ces violences ont eu un impact négatif sur la population civile qui, en plus des représailles et des déplacements forcés, se trouve dans une situation de très grande vulnérabilité et d’insécurité alimentaire. Actuellement environ 2,7 millions de personnes, soit plus de la moitié de la population centrafricaine, sont privées d'ASSISTANCE HUMANITAIRE adéquate en raison de l'inaccessibilité de certains de leurs sites de déplacés.


- M. le Président,

- Distingués membres du Conseil,


Les situations de conflit armé et le respect des Droits humains ne font jamais bon ménage et la RCA ne pourra être une exception. L’UA voudrait à ce point manifester sa vive préoccupation sur les informations et les signes de graves violations des DH perpétrées contre la population civile surtout dans les régions où se déroulent les opérations militaires.

Dans le même sillage, l’introduction des mines terrestres et d’engins explosifs improvisés, et leur utilisation contre les contingents de la MINUSCA et la population civile constituent également des actes ignobles que l’UA condamne avec la plus grande fermeté.


Ces actes doivent être minutieusement répertoriés pour que la responsabilité politique et judiciaire des auteurs, co-auteurs et complices soit établie.


- M. le Président,

- Distingués membres du Conseil,


Pour terminer, je voudrais dire, en termes de perspective que :

- la prise de mesures concrètes pour une conclusion avec succès de la mise en œuvre de l’APPR-RCA et la Feuille de Route Conjointe ;

- la tenue à bonne date du Dialogue Républicain inclusif ;

- la dissolution des groupes armés et la poursuite du DDR dans toutes ses composantes, notamment l’opérationnalisation des USMS;

- la promotion d’une meilleure coopération régionale dans les initiatives de paix et dans le domaine de la sécurité transfrontalière et de la collaboration dans les efforts de stabilisation en RCA ;

- La coopération ou harmonisation de positions entre les différents acteurs ou partenaires internationaux de la RCA ;

- La traduction en justice des acteurs des violations de DH et du DHI ;

- La contribution de tous les partenaires de la RCA aux efforts de reconstruction post conflit, sans oublier les urgences humanitaires…constituent des priorités capables d’aider la RCA à tourner définitivement cette page d’interminable instabilité politico-militaire et se lancer dans la dynamique de paix, stabilité et un relèvement économique.


Je saisi cette opportunité pour renouveler l’appréciation de l’Union Africaine aux pays de la région, à la MINUSCA, à la CEEAC, la CIRGL, à l’Union Européenne, ainsi qu’aux partenaires internationaux pour la coopération entre nos différentes organisations, le soutien apporté à la RCA tout en les exhortant à continuer à se montrer solidaire avec ce pays.


Je ne saurais terminer mes propos sans rendre un vibrant hommage à SEM Mankeur Ndiaye pour son rôle déterminant à la tête de la MINUSCA pendant ces trois dernières années. J’ai personnellement eu des relations quotidiennes faites de courtoisie, de franchise et de respect qui ont permis à l’UA et à la MINUSCA de bâtir une solide coopération agissante pour l’atteinte de nos objectifs respectifs.


Je salue aussi la nomination de SE Ms Valentine Rugwabiza à la tête de la MINUSCA et lui réitère la disponibilité de l’UA de continuer sur le même état d’esprit pour plus d’actions concertées aux fins de renforcer notre coopération.


Je vous remercie pour votre aimable attention,


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